« […] Si au terme de deux décennies d’enfermement, j’ai recouru à
l’évasion, c’est parce qu’on m’a
refusé le bénéfice de cette Loi dont aujourd’hui vous vous prévalez pour
me condamner. Disposais-je
simplement d’un autre choix ? Pour cette raison, n’en déplaise à ceux
qui me maintiennent enfermé, je
considère, en tant qu’enchaîné, avoir recouru à un droit légitime, et en
ce sens, je me revendique du
lignage des Spartacus, Louise Michel, Mikhaïl Bakounine […] et de tous
les révolutionnaires qui ont
tenté ou réussi à s’évader. Vive la liberté ! »

Extrait d’un texte de Régis SCHLEICHER,
lu au cours d’un procès pour tentative d’évasion le 2 décembre 2005.

En décembre 2004 et en janvier 2006, la CNT-Jura
publiait deux communiqués dans lesquels notre
syndicat réclamait la libération des prisonnierEs
révolutionnaires d’Action Directe et s’engageait à
lutter contre la justice bourgeoise qui a condamné
à mort ces militantEs dans ses geôles mortifères.
CondamnéEs à mort, car la prison à vie est une
condamnation à mort, tant il est vrai qu’il n’est
pas de vie sans liberté.

Depuis ce communiqué, Joëlle Aubron nous a
quittés. Pas son souvenir. Ni son « engagement
pour une libération sociale, politique, culturelle du
mode de production capitaliste […] pour changer
de société et rendre l’avenir à l’humanité ».
Dans le même temps, Nathalie Ménigon, Georges
Cipriani, Jean-Marc Rouillan et Régis Schleicher
étaient maintenuEs incarcéréEs. Après plus de
20 ans de privation de liberté.
Pire, après avoir pourtant réuni les conditions fixées
dans la loi par leurs bourreaux eux-mêmes pour
s’ouvrir le droit à la liberté, à la vie ou plus
modestement à la santé — la vraie —, leurs demandes
de libération conditionnelle ont
toutes été refusées.

Les voilà encore et toujours
privéEs des droits élémentaires
que les monstres d’inhumanité
qui les ont embastilléEs depuis
trop longtemps refusent, pardessus
leur rhétorique d’égalité
de tous devant la justice,
d’accorder à ces quatre
combattantEs de la liberté.
CombattantEs de l’égalité sociale
et de la justice — la vraie. Pas
celle qui n’a pour fonction que
de maintenir les injustices.
En rédigeant des lois pour
touTEs et en ne les appliquant

que lorsque cela les arrange, en refusant de les
appliquer aux militantEs d’AD, les bourreaux
justifient une fois de plus les motivations
révolutionnaires du combat d’AD et de toutes
celles et de tous ceux qui souhaitent changer le
monde et priver la bourgeoisie de son pouvoir de
briser nos vies.

Au travers des peines infligées à ces femmes et à
ces hommes, Nathalie, Georges, Jean-Marc et Régis,
et après avoir atteint Joëlle, l’État vise le symbole et
l’exemplarité. L’exemplarité de la stricte aliénation,
de la plus brutale répression, de la vie soumise et
morbide comme seul horizon indépassable.

« Ne tentez pas de vivre un monde meilleur !
Comme vos camarades qui s’y sont essayéEs, vous
périrez touTEs au jugement dernier car tout se paye
ici bas… » semblent répéter ces magistrats serviles
dont la pensée ne vole pas plus haut que le seuil de
leur classe, chaque fois qu’il s’agit d’envoyer unE
révolutionnaire bouffer les pissenlits par la racine.
La classe au pouvoir se nourrit du sang et de la
sueur de celles et ceux qu’elle exploite. Pour elle,
la conscience révolutionnaire
représente le danger d’une
infection contagieuse.
L’État, qui partout et
toujours maintient l’ordre établi,
se doit de briser les
révolutionnaires. Et quand il en
tient qui refusent d’abolir
leur conscience
émancipatrice, il les juge, les
presse, les torture, les
achève, tentant coûte que
coûte de les réduire au silence,
de les anéantir afin de faire
taire à travers eux tout espoir
révolutionnaire.
Mais c’est en vain…

Même si nous n’avons pas choisi ce mode d’action de la lutte armée, nous
pensons toujours que
les motivations des militantEs incarcéréEs d’Action Directe sont
légitimes. En nous acharnant à
exiger leur libération, nous continuons leur combat. Car ce combat est
celui de touTEs les
exploitéEs qui veulent en finir avec le monde de la misère et des
prisons, par la révolution sociale.
La CNT-Jura appelle à se joindre au rassemblement qui aura lieu le 24
février prochain
devant la geôle où Georges Cipriani est enfermé, à Ensisheim (Haut-Rhin)
afin d’exiger, avec
encore plus de détermination que l’an passé, la libération des
prisonnierEs d’Action Directe.

Renseignements, co-voiturage : CNT-Jura – BP 39, 39260 Moirans – 03 84
73 06 12 – cnt-jura cnt-f.org
Confédération nationale du Travail – Syndicat intercorporatif du Jura