
La privatisation de la Poste pour janvier 2009, annoncée cet été en
catimini, menace le statut des fonctionnaires postiers. Lors de la
séparation de la Poste et de la Banque postale, le directeur de
communication avait expliqué sans rire qu’il s’agissait de donner une
image plus dynamique de l’entreprise et de mieux affronter la concurrence
bancaire. En vidant le service public de la Poste de son contenu (banque,
colis), on la vide aussi de ses activités les plus rentables. Mais les
salariés et les usagers préféreraient un véritable service public, de
meilleures conditions de travail ou encore la fin des fermetures de
bureaux. Cette privatisation annoncée est accompagnée de la mise au pas
des éléments les plus récalcitrants à la casse du service public.
Serge Reynaud, facteur à Marseille 01-Colbert, militant de la CNT-PTT, a
été convoqué à Paris devant le conseil central de discipline de la Poste
le 26 septembre 2008. La sanction demandée était la révocation.
Du 14 au 31 mai 2008 a eu lieu un conflit départemental à l’appel des
syndicats CGT et SUD contre le projet Facteur d’avenir, projet qui veut
restructurer l’ensemble de la chaîne d’acheminement et de distribution du
courrier. Ce projet pourrait entraîner la suppression d’environ 1 000
emplois sur le département. Fermeture de centres de tri, regroupements de
centre de distribution, modification des normes et des cadences, mise en
place de l’autoremplacement sont au programme.
Facteur d’avenir est particulièrement combattu dans les Bouches-du-Rhône.
En octobre 2006 et en mars 2007, la Poste avait dû faire des concessions
aux facteurs en lutte. En 2008, le conflit a été âpre : remplacement des
grévistes par des intérimaires, huissiers présents dans tous les centres
en grève, pression sur les grévistes placés en absence irrégulière, etc.
Malgré dix-sept jours de conflit et 400 agents en grève chaque jour, le
conflit s’est achevé sur un constat de désaccord.
Le 19 juin, notre camarade Serge Reynaud est convoqué à la direction. On
lui reproche une prise de parole de cinq minutes le 21 mai 2008 dans son
bureau, ainsi que d’avoir participé à une action collective pour obtenir
l’ouverture des négociations (tentative d’ouvrir le sas de la direction),
rien que des faits de grève, sortis de leur contexte pour justifier des
poursuites disciplinaires.
Cela faisait longtemps que la Poste rêvait de se payer ce qu’elle appelle
la « Principauté postale des Bouches-du-Rhône », tant nos luttes lui
déplaisent.
Des rassemblements de soutien à Serge ont été organisés dans les jours qui
ont suivi l’annonce de son conseil de discipline et le jour même de
celui-ci, le 26 septembre, à Marseille, Perpignan, Toulouse, Bordeaux,
Lyon, Aubenas, Lille et Grenoble. Des messages de soutien de nombreux
contacts internationaux de la CNT sont arrivés d’Algérie, de l’Île
Maurice, d’Espagne, de Pologne, du Chili, de Guinée… Et à Paris, pendant
que Serge subissait son « procès » pendant plus de sept heures, un
rassemblement regroupant, outre la CNT, des militants de SUD, de la CGT,
des non-syndiqués et même Arlette en personne a eu lieu, juste en face de
la salle où se déroulait le jugement. Après une heure de délibération, le
verdict tombe. Si la révocation a été écartée à l’unanimité, il y a eu
partage des voix entre les élus du personnel et les représentants de la
direction sur la sanction : à la demande de la direction, deux ans de mise
à pied ont été requis. Dans quinze jours, Serge aura la réponse qui
décidera de son avenir à la Poste. Mais il ne compte pas en rester là. A
suivre, donc.
Aujourd’hui, c’est notre solidarité qui doit être exemplaire. Des soirées
de soutien à Serge sont organisées depuis début septembre partout en
France. Pour les connaître, rendez-vous sur le site de la Fédération CNT-PTT.
C’est pour empêcher que demain on puisse s’organiser et lutter que la
Poste veut frapper un grand coup.
Face aux menaces de sanction, notre riposte : la solidarité !